Lina revisitée par les étudiants de Roma Sapienza

Lina revisitée par les étudiants de Roma Sapienza

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palier Bobenriether

Inspirée des supports conçus par Lina Bo Bardi, la structure réalisée dans le cours “Construction/Aménagement” accueille les résultats de trois enseignements déployés à Roma Sapienza. La “Maison de Verre manipulée” révèle l’extraordinaire potentiel latent de l’habitat moderne, les douze variations graphiques conduites dans le cours “A la recherche du signe de Lina Bo Bardi” déclinent trois thèmes qui lui sont chers : la matière; la nature et le jeu ; et les cinq détails constructifs réalisés en kirigami dans le workshop “Lina Bo Bardi. Détails architectoniques” font écho à la matérialité durable de l’architecture à travers la fragilité du papier.

Le système poteau-poutre

Le support d’exposition, réalisé en simples tasseaux de 6 × 6 cm vissés entre eux, est repris en y intégrant une possibilité de réglage pour permettre de l’adapter aux différents lieux d’exposition. Les connexions, les noeuds entre les différentes pièces sont fixes grâce au mariage entre entailles à mi-bois et clés en bois dense. Seuls les poteaux régissent strictement les écartements entre les montants horizontaux. Ils permettent la mise en place des panneaux d’affichage : modules répétitifs de 64 × 128 cm, conçus pour recevoir les documents produits par l’équipe italienne : Projets graphiques, kirigami, manipulations.

Kirigami 1.
Fable végétale de l’architecture vivante. L’arbre et l’escalier d’accès à la Maison de Verre

Ancrée à terre au niveau de l’espace privé de l’entrée et flottant dans le monde d’une forêt enchantée, la maison se dresse sur une colline noyée dans le vert tropical du quartier de Morumbi. Objets, plantes et fleurs sont des organismes qui peuplent cette architecture en tissant une narration aux accents de fable, riche d’une intensité émotive. L’entrelacs artifice-nature enveloppe l’architecture dans un processus métamorphique de minéralisation de l’oeuvre, dans un espace-temps aux limites floues. Le kirigami explore le rapport du processus germinal qui s’instaure avec la nature.

Kirigami 2.
L’architecture comme scénographie de la vie quotidienne. L’escalier d’accès au MA

Chez Lina Bo Bardi, le signe, vif et joueur, des esquisses reproduit les lieux et la vie qui habitent l’architecture avant même qu’elle soit projetée. La liberté des corps en mouvement envahit l’espace et donne du sens à ses oeuvres : l’architecture devient le lieu où exalter la force de la simplicité et de la vie quotidienne. Mémoire et action créative se confondent, rendent protagoniste le sujet qui s’approprie instinctivement l’espace, et ce faisant l’anime. Sur la place du MASP, l’expression spontanée du quotidien accueille dans son périmètre l’imprévu et l’inattendu. Le pop-up met en évidence le mouvement ascensionnel de l’escalier.

Kirigami 3.
Fluctuations artistiques. L’escalier rouge dans le MASP

La valeur iconique et narrative des objets est un acte créatif important pour Lina Bo Bardi, aussi important que le projet d’architecture lui-même. Dans les salles d’exposition du musée, la disposition des oeuvres d’art sur des plaques de verre avec bases en béton, disséminées au hasard, crée un espace libre, occupé par peu de signes et d’éléments. De la même manière, l’escalier rouge à rampes croisées découpe le grand vide du hall, conférant à la promenade architecturale une charge expérientielle qui permet une immersion totale du visiteur dans l’art. La section kirigami de l’édifice souligne la séquence des plans et la stratification des grands espaces libres.

Kirigami 4.
Le théâtre de la représentation sociale ou théâtre de l’accidentel. Les passerelles du SESC Pompeia

L’archéologie industrielle est contaminée par des essences oniriques et populaires pour créer des liens émotifs à travers l’utilisation d’objets-symboles qui activent la mémoire et génèrent un sentiment d’appartenance et de familiarité. L’assemblage et la sérialité propres de l’usine sont dans le SESC Pompeia subvertis en une recomposition des interactions, inattendues, entre corps architectoniques et objets. Les tours, qui dans l’imaginaire collectif sont des entités isolées, sont ici unies par des passerelles aériennes. Le pop-up des passerelles, vues en contreplongée, crée un angle de vision de ces liaisons depuis une perspective insolite.

Kirigami 5.
L’architecture comme oeuvre collective. L’intérieur de l’église Espírito Santo do Cerrado

La forme continue et enveloppante de la salle laisse percevoir un espace à dilatation horizontale, dans lequel la figure du cercle est le symbole de la rencontre. L’église est le produit d’un effort commun et collectif, enraciné dans le lieu, qui se dévoile également à travers le choix de matériaux et de solutions techniques, artisanaux et indigènes. Tout renvoie à une idée de simplicité et de sincérité qui trouve dans la pauvreté des moyens sa richesse. Le popup re-parcourt la mémoire partagée à travers une lecture temporelle de l’acte édificateur de l’église et de ses stratifications.

Projet du groupe lauréat
Affiche 200 x 82 cm de l’exposition Lina Bo Bardi : Enseignements Partagés.
Projet du groupe lauréat
Variantes de l’affiche
Manipulation I
Manipulation I

La maison, le studio et un espace d’exposition qui devient l’intervalle entre les espaces de vie et de travail. La Maison de Verre s’étend et embrasse la vaste cour, un lieu inclusif dans lequel l’espace d’exposition creuse le sol devenant un hypogée, avec une série d’ouvertures qui laissent pénétrer la lumière zénithale. Sur le côté opposé de la maison, le studio rabat la série de fenêtres sur le plan vertical, ouvrant des scénarios inédits vers la nouvelle cour.

Manipulation 2
Manipulation 2

L’action projectuelle de la manipulation construit un espace unitaire et introverti de la taille des deux cours intérieures préexistantes, au sein duquel se glisse un nouvel élément qui change sa propre configuration, de rampe d’accès à couverture avec belvédère. La Maison de Verre devient un unique espace d’exposition, libre et ouvert exclusivement sur la nouvelle cour intérieure.